Lac Guillaume-Delisle
De forme triangulaire, cette nappe d'eau saumâtre occupe une superficie de 712 km². Le lac Guillaume-Delisle, long de 61 km et large de 22 km, est séparé de la baie d'Hudson par une arête étroite et haute de roches cambriennes. La communication entre les deux entités hydrographiques s'effectue par un chenal de près de 5 km de long appelé Le Goulet. Par ce passage pénètre l'eau des marées, ce qui provoque de forts courants et des oscillations du niveau de l'eau de l'ordre d'une cinquantaine de centimètres.
Thomas Mitchell, capitaine d'un petit navire de la Compagnie de la Baie d'Hudson, pénètre dans ce lac, qu'il nomme Sir Atwell's Lake, vraisemblablement en l'honneur du gouverneur adjoint de cette société, sir Atwell Lake, en 1744. Ce patronyme, Lake, allait par la suite être source de confusion. Mitchell a aussi consigné, pour cette entité, la même année, le nom cri Winipeq, « grande étendue d'eau ». La carte de William Coats de 1749 désigne ce plan d'eau à la fois sous le nom cri Artiwinipeck et le nom anglais Sir Atwell's Lake. À cette date, la Compagnie de la Baie d'Hudson ouvre un poste de traite sur une île, appelée alors Factory Island, au large de la rive sud du lac. Le peu de rentabilité de l'établissement entraîne sa fermeture, en 1759. Plus tard, le lac se verra attribuer plusieurs autres dénominations, dont Baie Winipeke, Golfe de Hazard, Hazard, Golfe de Richmond et Baie de Richmond, jusqu'à ce que la Commission de géographie du Canada accepte Richmond Gulf, en 1905. Le motif d'attribution est inconnu. Cependant, selon Keith Fraser, il peut évoquer le duc de Richmond, ou le nom du petit navire de Thomas Mitchell appartenant à la Compagnie de la Baie d'Hudson. Le nom de Guillaume Delisle (1675-1726), auteur de cartes relativement précises pour l'époque – dont l'une sur la mer de l'Ouest, où apparaît le toponyme Baie d'Hudson –, ce qui lui a valu d'occuper, à partir de 1718, le poste de premier géographe du roi, est attribué au lac en 1962. Les Inuits appellent le lac Tasiujaq, signifiant « qui ressemble à un lac », alors que les Cris le nomment Iyaatiwinapaakw, soit « le lac qui est presque à la mer (baie d'Hudson) ».