Rivière du Loup
(Ruisseau)
La toponymie québécoise offre de nombreux exemples de l'emploi du mot loup pour désigner des entités géographiques (lacs, rivières, baies, îles, voies de communication, municipalités et autres). En les appelant ainsi, on désirait souligner notamment la présence (passée ou actuelle) de l'animal, sa forme ou un événement dans lequel il aurait pu jouer un rôle. Mammifère carnassier, le loup (Canis lupus) se veut le membre le plus grand, le plus imposant et le plus répandu parmi les 41 espèces sauvages de la famille des canidés. Avec son épais pelage gris, noir ou blanc, il ressemble à un grand chien, tout particulièrement à un berger allemand, et possède une longueur - depuis le museau jusqu'au bout de la queue - variant de 1,27 m à 1,64 m, une hauteur au garrot de 65 à 90 centimètres et un poids de 25 à 80 kg. La tête massive du loup se caractérise par un front puissant; ses oreilles pointues souvent à l'attention, bien droites, sont en mesure de balayer l'espace, de capter les sons éloignés jusqu'à 10 km, puis de se fixer sur des bruits venant de directions diverses. Ses yeux sont plutôt petits, myopes; et, il a une très forte dentition. Celle-ci compte 42 dents, dont les canines - aussi appelées crocs - longues et acérées, permettant au loup de maintenir ses proies dans la gueule, et les carnassières (quatrième prémolaire supérieure et première molaire inférieure), destinées à couper et à mastiquer. La diète du loup se compose d'ailleurs de divers animaux, du plus gros au plus petit. Au Canada et au Québec, il préférerait tout particulièrement l'orignal, énorme animal pouvant le tuer d'un seul coup de sabot. Comme il vit en bande, le loup cherche donc à attaquer à plusieurs son puissant adversaire, privilégiant l'orignal affaibli par la maladie ou enlisé dans la neige. Si le gros gibier se fait rare, il se tourne vers les rongeurs, les lapins, les canards et les autres volatiles. En période de disette, il s'alimente même de souris et de gros insectes. Habitant autrefois dans toutes les prairies et les forêts du continent, le loup ne fréquente plus que les régions septentrionales, voire nordiques. Son existence sociale, sa survie même, repose sur la bande - la meute - organisation hiérarchisée, formée de trois à sept individus, sous la domination d'un mâle et de sa femelle. Animal timide et fuyant, agissant la nuit, le loup fuit généralement l'homme, son seul véritable ennemi qui le chasse pour le sport ou afin de protéger les animaux de ferme. L'être humain craint aussi le loup, autour duquel il a construit une série de croyances et de contes. Ainsi, les Romains de l'Antiquité attribuèrent paradoxalement l'épithète de Lupercus - le Loup - à leur dieu Faunus, protecteur des bergers et de leurs moutons. Les luperques, ou prêtres-loups, célébraient le culte de Faunus lors des lupercales, le 15 février. On appelait également luperques les dieux-loups figurant les morts, qui auraient été à la fois les représentants sacrés de l'autre monde et les défenseurs des vivants contre la mort. De plus, l'écrivain français Charles Perreault (1628-1703) fit du grand méchant loup le personnage central du conte Le Petit Chaperon rouge (1697), dans lequel il dévore la grand-mère de la petite fille et l'imprudente fillette. Par ce récit, l'auteur désirait inculquer une certaine notion de prudence chez les enfants. L'image ancienne du loup menaçant, danger mortel pour les humains, allait toutefois être perpétuée. La langue française utilise le mot loup dans plusieurs proverbes et expressions, dont « avoir une faim de loup » (appétit considérable, surtout pour un repas de viande); « avancer à pas de loup » (prudemment, sans bruit); « se jeter dans la gueule du loup » (guet-apens, péril imminent); et « hurler avec les loups » (dire ou faire comme les autres malgré notre désaccord intérieur). Le terme loup identifie enfin un individu charmeur auprès des femmes ainsi que quelques objets, notamment une sorte de masque et un arbre vigoureux, occupant un espace injustifié, et ce, au détriment des autres.