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Commission de toponymie

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Rivière L'Acadie

Origine et signification Ce cours d’eau, d’une longueur d’environ 82 km, prend sa source dans la municipalité du canton de Hemmingford, près de la frontière américaine, et coule vers le nord jusqu’à son embouchure dans la rivière Richelieu, dans la ville de Carignan.

Au fil des années, les différentes sections de cette rivière ont porté plusieurs noms. La section plus près de sa source a porté le nom de Rivière des Morelles dès le Régime français. Ce toponyme évoquait le milieu phytogéographique régional puisque la morelle est une plante sauvage que l’on retrouve encore sur les rives de la rivière. La morelle est une plante de la famille des solanacées et il semble que c’est la morelle noire qui peuple les abords du cours d’eau. Son fruit, une baie noire, entre dans la fabrication de baumes et d’onguents médicinaux. Au début du XIXe siècle, le spécifique Morelles est déformé et la section sud du cours d’eau est appelée Rivière des Morales. Après la Conquête, il appert que les nouveaux colonisateurs britanniques ont traduit incorrectement le toponyme par Montreal River. Cette hypothèse n’est toutefois pas vérifiée puisque cette traduction pourrait aussi être celle de Rivière de Mont-Royal

Parallèlement, dès l’arrivée des premiers francophones dans le Haut-Richelieu, la section du cours d’eau située plus près de son embouchure est nommée Rivière de Mont-Royal, Rivière de Montréal ou Petite rivière de Montréal. À partir du milieu du XIXe siècle, la portion de la rivière coulant dans le secteur de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie, où les Acadiens exilés se sont établis à compter de 1768, porte le nom Rivière de l’Acadie, tandis que les sections situées en amont et en aval ont gardé le nom Petite rivière de Montréal. Ces Acadiens exilés avaient en effet baptisé leur terre d’adoption La Cadie, La Petite Cadie ou La Nouvelle-Cadie, en souvenir de leur pays d’origine, l’ancienne Acadie. En 1965, la Société d’histoire de la Vallée du Richelieu a fait officialiser par la Commission de géographie du Québec le toponyme Rivière L’Acadie, bien que le nom Petite rivière Montréal demeure d’un usage répandu.

Les Acadiens forment le peuple issu des premiers colons français en Amérique du Nord qui se sont installés dans les actuelles provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard à compter du début du XVIIe siècle. Le nom Acadie désigne encore, au tournant des années 2020, le territoire où se retrouve la majorité de la population d'origine française de ces trois provinces maritimes du Canada. Environ 300 000 Acadiens habitent toujours ce territoire tandis que près de 3 millions de personnes d'ascendance acadienne seraient réparties à travers l'Amérique du Nord. 

Notons que l'origine du toponyme Acadie remonte à l'attribution, en 1524, du nom Arcadie à une région de la côte est des États-Unis, à la hauteur de la Virginie et du Maryland, par l'explorateur florentin Giovanni da Verrazzano (vers 1485-1528). Cette appellation se voulait une allusion à une région de la Grèce, souvent présentée comme la contrée par excellence de la sérénité et du bonheur. L'historien Marcel Trudel (1917-2011) souligne qu'Arcadie est un « toponyme qu'on transportera vers le nord pour le transformer, sous l'influence de consonances micmaques, en Acadie ». Déjà en 1599, la forme Acadie figure dans les lettres patentes du lieutenant-général de la Nouvelle-France Pierre de Chauvin de Tonnetuit (avant 1575-1603), puis, en 1604, Samuel de Champlain (vers 1574-1635) fixe l'orthographe actuelle en laissant définitivement tomber le « r ».  

Si l'Acadie est explorée par Jacques Cartier (1491-1557) dès 1534, c'est seulement en 1604 que Pierre Dugua de Mons (vers 1560-1628) et Samuel de Champlain tentent d'y fonder la première colonie française permanente en Amérique du Nord. Après avoir hiverné à l'île Sainte-Croix, ils s'établissent l'année suivante à Port-Royal, aujourd'hui Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse, mais cette première colonie s'avère éphémère. Après une période de domination britannique, l'Acadie revient dans le giron français en 1632. Les gouverneurs successifs s'emploient à développer la colonie. De nombreuses familles venant surtout de l'ouest de la France, entre autres du Poitou, de la Touraine et de la Basse-Bretagne, peuplent progressivement la région au cours du XVIIe siècle. Or, territoire d'importance stratégique, l'Acadie est l'objet d'une âpre rivalité entre la France et la Grande-Bretagne, auxquelles elle appartient tour à tour. Finalement, en 1713, la majorité de l'Acadie passe aux mains des Britanniques en vertu du Traité d'Utrecht. 

Plutôt que d'immigrer dans les colonies françaises de Louisbourg ou de l'île Saint-Jean (aujourd'hui l'île du Prince-Édouard), la plupart des Acadiens restent sur le territoire de la Nouvelle-Écosse, où ils bénéficient d'une grande autonomie pendant quelques décennies. Toutefois, en raison de tensions continues avec la France, la Grande-Bretagne s'efforce, à partir du début des années 1750, de peupler la Nouvelle-Écosse et de résoudre la question de la menace d'une rébellion acadienne. Survient alors la Déportation des Acadiens – aussi connue sous l'appellation Grand Dérangement –, dont la première vague commence en 1755 pour se terminer en 1763. Les Acadiens qui refusent de prêter serment d'allégeance à la Couronne britannique sont déportés dans les Treize Colonies – au total, plus d'une dizaine de milliers d'entre eux le seront. Certains exilés quittent les Treize Colonies pour se réfugier en Louisiane. Ces Acadiens d'origine s'appellent aujourd'hui les Cadiens. D'autres réussissent à s'enfuir en territoire français et s'établissent au Québec. Plus de la moitié des Québécois auraient au moins un ancêtre acadien. Notons qu'en 1763, le Traité de Paris voit la France céder l'ensemble des Maritimes aux Britanniques, marquant la fin définitive de l'Acadie française. 

La nouvelle situation géopolitique permet progressivement aux Acadiens de revenir s'établir dans les Maritimes. La majorité de ceux qui rentrent ainsi d'exil s'installent au Nouveau-Brunswick. Bien que longtemps marginalisés économiquement et politiquement en raison de leur langue et de leur religion, les Acadiens réussissent à garder leur culture vivante et commencent à s'affirmer comme peuple pendant la période de la renaissance acadienne (1850-1881). Organisées à partir de 1881, les Conventions nationales acadiennes leur permettent de se doter d'un drapeau, d'une fête nationale – laquelle se tient le 15 août – et d'un hymne national, l'Ave Maris Stella. Ce mouvement d'affirmation atteint notamment un sommet avec la reconnaissance, sous le gouvernement de Louis Robichaud (1925-2005), du Nouveau-Brunswick comme province officiellement bilingue en 1969.

Sources

Itinéraire toponymique de la Vallée-du-Richelieu, 1984.
Site Web Bibliothèque et Archives Canada (consulté le 11-02-2022)
Site Web de l'Encyclopédie canadienne (consulté le 11-02-2022)

Date d'officialisation 1968-12-05

Spécifique L'Acadie

Générique (avec ou sans particules de liaison) Rivière

Type d'entité Rivière

Région administrative Montérégie

Municipalité régionale de comté (MRC) La Vallée-du-Richelieu

Municipalité Carignan (Ville)

Code géographique de la municipalité 57010

Latitude               Longitude (coord. sexagésimales) 45° 29' 01" -73° 16' 09"

Latitude               Longitude (coord. décimales) 45.48361 -73.26917

Carte topographique 1/50 000 31H06

Carte topographique 1/20 000 31H06 -0201

Ancien nom officiel

  • Rivière Montréal

    Ce cours d’eau, d’une longueur d’environ 82 km, prend sa source dans la municipalité du canton de Hemmingford, près de la frontière américaine, et coule vers le nord jusqu’à son embouchure dans la rivière Richelieu, dans la ville de Carignan.

    Au fil des années, les différentes sections de cette rivière ont porté plusieurs noms. La section plus près de sa source a porté le nom de Rivière des Morelles dès le Régime français. Ce toponyme évoquait le milieu phytogéographique régional puisque la morelle est une plante sauvage que l’on retrouve encore sur les rives de la rivière. La morelle est une plante de la famille des solanacées et il semble que c’est la morelle noire qui peuple les abords du cours d’eau. Son fruit, une baie noire, entre dans la fabrication de baumes et d’onguents médicinaux. Au début du XIXe siècle, le spécifique Morelles est déformé et la section sud du cours d’eau est appelée Rivière des Morales. Après la Conquête, il appert que les nouveaux colonisateurs britanniques ont traduit incorrectement le toponyme par Montreal River. Cette hypothèse n’est toutefois pas vérifiée puisque cette traduction pourrait aussi être celle de Rivière de Mont-Royal

    Parallèlement, dès l’arrivée des premiers francophones dans le Haut-Richelieu, la section du cours d’eau située plus près de son embouchure est nommée Rivière de Mont-Royal, Rivière de Montréal ou Petite rivière de Montréal. À partir du milieu du XIXe siècle, la portion de la rivière coulant dans le secteur de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie, où les Acadiens exilés se sont établis à compter de 1768, porte le nom Rivière de l’Acadie, tandis que les sections situées en amont et en aval ont gardé le nom Petite rivière de Montréal. Ces Acadiens exilés avaient en effet baptisé leur terre d’adoption La Cadie, La Petite Cadie ou La Nouvelle-Cadie, en souvenir de leur pays d’origine, l’ancienne Acadie. En 1965, la Société d’histoire de la Vallée du Richelieu a fait officialiser par la Commission de géographie du Québec le toponyme Rivière L’Acadie, bien que le nom Petite rivière Montréal demeure d’un usage répandu.

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