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Commission de toponymie

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Prison des Patriotes-au-Pied-du-Courant

Origine et signification Ce site historique se situe au 905, avenue De Lorimier, à Montréal, plus précisement dans l'arrondissement de Ville-Marie. Le nom Prison des Patriotes-au-Pied-du-Courant remplace celui de Site historique au Pied-du-Courant. La nouvelle dénomination rappelle mieux le lieu d'emprisonnement des patriotes à la suite des rébellions de 1837 et 1838 ainsi que sa situation au pied du courant Sainte-Marie. Pour plus d'information, voir Pied-du-Courant, Site historique au.

Le terme patriote désigne les membres du Parti patriote, ses sympathisants et tous ceux qui ont défendu ses idées, notamment lors des rébellions de 1837 et 1838 au Bas-Canada. Les patriotes sont les héritiers idéologiques du Parti canadien, créé au début du XIXe siècle et mené d'abord par Pierre-Stanislas Bédard (1762-1829), puis par Louis-Joseph Papineau (1786-1871) à partir de 1815. Mouvement majoritairement francophone, le groupe prend néanmoins le nom plus inclusif de Parti patriote à compter de 1826 pour afficher son ouverture aux partisans de langue anglaise. Ses dirigeants sont principalement issus de la petite bourgeoisie professionnelle tandis que les adhérents aux idées du parti sont surtout des membres des professions libérales, des petits commerçants et des habitants. Afin de diffuser leurs idées, les patriotes bénéficient du soutien de plusieurs journaux, dont La Minerve, The Vindicator, Le Canadien et L'Écho du pays. L'organisation patriote comprend aussi des associations de dames patriotiques.

Majoritaire à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada pendant toute son histoire, le Parti patriote réclame une réforme démocratique des institutions politiques contrôlées par l'oligarchie coloniale et les marchands britanniques. À cette fin, les députés patriotes présentent, en 1834, les 92 résolutions au Parlement du Royaume-Uni. Celles-ci concernent notamment l'établissement d'un gouvernement responsable (c'est-à-dire exerçant un pouvoir concret sur l'administration des affaires internes de l'État), l'amélioration du système de vente des terres publiques et le respect du principe de l'égalité devant la loi, sans distinction d'origine, de langue ou de religion. En mars 1837, Londres rejette en bloc les demandes des patriotes en y opposant les 10 résolutions de Russell, permettant même au gouverneur d'utiliser les fonds publics sans l'assentiment de la Chambre d'assemblée. Le Comité central permanent du parti réplique en encourageant le boycottage des produits britanniques, et en organisant des pétitions ainsi que des assemblées populaires. Défiant la proclamation du gouverneur Gosford (1776-1849) qui interdit les rassemblements publics, l'assemblée des Six-Comtés réunit pas moins de 6000 patriotes, les 23 et 24 octobre 1837. De leur côté, de jeunes patriotes radicaux forment l'Association des Fils de la liberté, un groupe paramilitaire.

Après une échauffourée entre les Fils de la liberté et le Doric Club – une association loyaliste –, le 6 novembre 1837, des mandats d'arrestation sont lancés contre 26 patriotes influents. La résistance s'organisant particulièrement dans la vallée du Richelieu et sur la rive nord, près de Montréal, l'armée britannique tente de mater rapidement ces foyers de rébellion naissante. Les hommes du docteur Wolfred Nelson (1791-1863) remportent une victoire éphémère à Saint-Denis-sur-Richelieu le 23 novembre, mais les patriotes essuient ensuite des défaites importantes à Saint-Charles-sur-Richelieu (25 novembre) et à Saint-Eustache (14 décembre). Malgré leur bravoure, les patriotes, ne disposant pas d'armement adéquat et se retrouvant souvent en situation d'infériorité numérique, sont surclassés par les forces régulières du général John Colborne (1778-1863). À la suite de ces revers, la majorité des chefs patriotes sont emprisonnés ou contraints à l'exil. 

En février 1838, les patriotes exilés aux États-Unis, dirigés par Robert Nelson (1793-1873), frère de Wolfred, proclament l'indépendance de la République du Bas-Canada. Particulièrement avant-gardiste, cette déclaration d'indépendance décrète aussi l'abolition du régime seigneurial, la laïcité de l'État, la liberté de la presse et l'égalité des droits de tous les citoyens. Toutefois, l'offensive menée par Robert Nelson et les Frères chasseurs en novembre 1838 se révèle rapidement un échec. Le bilan des affrontements de 1837 et 1838 fait état, du côté des patriotes, de quelque 300 morts et 1 280 prisonniers. Parmi ces derniers, 12 sont pendus et 66 sont déportés en Australie ou aux Bermudes. 

Si l'échec des rébellions entraîne la disparition du Parti patriote, plusieurs de ses anciens dirigeants reviennent néanmoins à la politique active après l'union forcée du Bas-Canada et du Haut-Canada. Louis-Hippolyte La Fontaine (1807-1864) et George-Étienne Cartier (1814-1873), entre autres, jouent respectivement un rôle important dans l'obtention du gouvernement responsable, en 1848, et dans la création d'une province francophone distincte au moment de la Confédération canadienne, en 1867.

En 2002, le gouvernement du Québec institue la Journée nationale des patriotes afin d'honorer la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui ont lutté pour la reconnaissance nationale du peuple québécois, pour sa liberté politique et pour l'obtention d'un système de gouvernement démocratique. Ce jour férié annuel se tient le lundi précédant le 25 mai. Notons que plusieurs œuvres célèbres – comme le roman Famille-Sans-Nom (1888) de Jules Verne (1828-1905) et le film 15 février 1839 (2001) de Pierre Falardeau (1946-2009) – rappellent le souvenir des évènements de 1837 et 1838.

Sources

Québec (Province). Commission des biens culturels. Les chemins de la mémoire : Monuments et sites historiques du Québec. Québec, Les Publications du Québec, 1990-1991. 2 tomes.

COMMISSION DE TOPONYMIE. Noms et lieux du Québec : dictionnaire illustré, Québec, Les Publications du Québec, 2006, 925 p.


Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le 07-07-2022)
Site Web de l'Assemblée nationale (consulté le 07-07-2022)
Site de l'Encyclopédie canadienne (consulté le 07-07-2022)

Date d'officialisation 2003-05-07

Spécifique Patriotes-au-Pied-du-Courant

Générique (avec ou sans particules de liaison) Prison des

Type d'entité Monument historique

Région administrative Montréal

Municipalité régionale de comté (MRC) Hors MRC

Municipalité Montréal (Ville)

Code géographique de la municipalité 66023

Latitude               Longitude (coord. sexagésimales) 45° 31' 27" -73° 32' 50"

Latitude               Longitude (coord. décimales) 45.52417 -73.54722

Carte topographique 1/50 000 31H/12

Carte topographique 1/20 000 31H/12-0102

Ancien nom

  • Site historique au Pied-du-Courant

    Cet ensemble architectural, longtemps connu et utilisé sous le nom de Prison des Patriotes ou au Pied-du-Courant, se situe sur la rive orientale de l'île de Montréal, un peu au nord du pont Jacques-Cartier. Il est classé site historique depuis le 9 mars 1978. Érigée entre 1830 et 1836 selon les plans de l'architecte britannique George Blaiklock (1792-1828), la prison représente un des beaux exemples d'édifice en pierre de taille grise de Montréal. Ce centre de détention, occupé dès 1836, a reçu des milliers de prisonniers jusqu'à sa fermeture en 1912, et notamment plusieurs centaines de Patriotes dont une douzaine furent pendus en 1838. Cette exécution sur un échafaud dressé en plein air est bien exprimée quant à sa localisation par la particule de liaison au qui exprime la position dans un lieu. Pour sa part, le spécifique s'explique par le fait que les bâtisses s'élèvent au pied du courant Sainte-Marie. Le site de l'exécution est également désigné Place des Patriotes. Avant le classement, la vieille prison a longtemps été le siège et les entrepôts de la Commission des liqueurs soit de 1921 à 1978, Commission nommée par la suite Régie, puis Société des alcools.

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