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Commission de toponymie

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Rivière Richelieu
Masesoliantegw (Rivière)  - Variante traditionnelle autochtone

Origine et signification Alimenté par les lacs Champlain et George (États-Unis), ce cours d'eau se jette dans le lac Saint-Pierre, à Sorel-Tracy, après un parcours d'environ 130 km à travers la région la plus fertile du Québec. Aujourd'hui, le Richelieu relie la navigation du Saint-Laurent à celle de l'Hudson.

La Relation des Jésuites, pour 1665, rapporte que ce cours d'eau « se nomme la riviere de Richelieu, à cause du fort du même nom qui y fut basti [en 1642], à son embouchure, au commencement des guerres,... pour s'asseurer de l'entrée de cette riviere ». Ce nom de lieu rappelle le souvenir d'Armand-Jean du Plessis, cardinal de Richelieu.

Richelieu entre dans la toponymie en 1642 pour désigner le fort, nom qui s'étendra très lentement à la rivière. Ce toponyme est également signalé dans le Journal des Jésuites, pour l'année 1659 : « ... proche de la riviere de Richelieu... ».

Cette entité hydrographique n'a pas toujours été désignée sous le nom Richelieu. Celle-ci ou certains de ses tronçons ont reçu plusieurs noms : Iroquois, Ignierhonons (qui selon Gabriel Sagard fait référence à une des nations iroquoises), Saint-Louis, Chambly, Sorel, Lac Champlain, Saint-Pierre et Saint-Jean. Depuis le début du XXsiècle, on observe que Rivière Richelieu est la seule dénomination en usage pour identifier l'ensemble de ce cours d'eau.

Le toponyme Richelieu s'est étendu à un grand nombre de désignations notamment aux noms de municipalités de Richelieu, de Saint-Antoine-sur-Richelieu, de Saint-Blaise-sur-Richelieu, de Saint-Charles-sur-Richelieu, de Saint-Denis-sur-Richelieu, de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Saint-Marcel-de-Richelieu, de Saint-Mathias-sur-Richelieu, de Saint-Roch-de-Richelieu.

Notice biographique

Armand-Jean du Plessis, cardinal et duc de Richelieu (Paris, France, 1585 – id., 1642), dit l'Éminence rouge, est un prélat et un homme d'État français. Issu de la noblesse, il se destine initialement au métier des armes, mais entre plutôt dans les ordres, en 1605, afin que sa famille puisse conserver les revenus du siège épiscopal de Luçon. Ordonné évêque en 1607, Armand-Jean du Plessis est le premier prélat français à mettre en œuvre les réformes recommandées par le concile de Trente. En 1616, il entre au Conseil du roi en tant que secrétaire d'État pour les affaires étrangères et la guerre grâce au soutien de la reine mère Marie de Médicis (1575-1642). Toutefois, dès l'année suivante, Armand-Jean du Plessis est contraint à l'exil à la suite d'une révolte de palais visant à écarter celle-ci du pouvoir. Il regagne progressivement la faveur royale en se faisant l'artisan de la réconciliation entre Louis XIII (1601-1643), dit le Juste, et sa mère. Armand-Jean du Plessis est par la suite nommé cardinal en 1622, puis devient le principal ministre de Louis XIII en 1624, un poste qu'il conservera jusqu'à son décès.

Au cours de ses 18 années au sommet de l'État français, le cardinal de Richelieu s'efforce de rétablir l'autorité royale en mettant fin à l'autonomie politique des protestants français et en tâchant de domestiquer la noblesse, puis il s'affaire à briser l'hégémonie de la maison de Habsbourg en Europe. Menant personnellement les troupes au siège de La Rochelle (de 1627 à 1628), capitale des huguenots, il amène les protestants à signer un accord selon lequel ces derniers conservent leur liberté religieuse, mais perdent leurs privilèges militaires et politiques. De même, Armand-Jean du Plessis réussit à encarcaner la noblesse, notamment en détruisant les châteaux non essentiels à la défense nationale, en interdisant les duels et en réprimant sévèrement les révoltes aristocratiques. Dans le contexte de la guerre de Trente Ans (de 1618 à 1648), il abandonne, à compter du début des années 1630, la politique qui consiste à laisser le premier rôle à l'Espagne pour permettre à celle-ci d'assurer le triomphe du catholicisme en Europe. La France commandite d'abord les belligérants protestants, puis entre officiellement dans le conflit à leur côté en 1635. Si le cardinal de Richelieu meurt avant de voir son pays remporter la guerre de Trente Ans et remplacer l'Espagne comme première puissance européenne, son pragmatisme a permis cette ascension.

L'administration du cardinal de Richelieu est en outre marquée par de nombreuses réformes financières, législatives et militaires. Grand patron des arts, Armand-Jean du Plessis fonde aussi l'Académie française en 1635. Également très intéressé par le développement de la marine et de l'empire colonial français, il crée, en 1627, la Compagnie des Cent-Associés, qui doit assurer le peuplement de la Nouvelle-France en retour du monopole sur le commerce des fourrures. À la suite de la prise de Québec par les frères Kirke en 1629, le cardinal de Richelieu entérine le traité de Saint-Germain-en-Laye qui rend la Nouvelle-France aux autorités françaises. Son successeur désigné, le cardinal Jules Mazarin (1602-1661), poursuivra sa politique économique et colonialiste. Soulignons aussi que, s'étant doté d'un vaste réseau d'espionnage, le cardinal de Richelieu réussit à déjouer impitoyablement nombre de complots et de révoltes au cours de son long mandat comme principal ministre de Louis XIII – des méthodes qui ont contribué à créer l'image machiavélique qui lui est attribuée dans Les trois mousquetaires (1844), célèbre roman d'Alexandre Dumas (1802-1870). Malgré sa sombre réputation dans la tradition populaire, le cardinal de Richelieu reste néanmoins l'architecte de la grandeur de la France au XVIIe siècle et l'un des fondateurs de l'État moderne.

Sources

Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
SAGARD, Gabriel, Le grand voyage du pays des Hurons suivi du dictionnaire de la langue huronne, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1998, p. 149, 335, 491.
Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté en décembre 2023)
Site Web de l'Encyclopédie Britannica (consulté en décembre 2023)
Site Web de l'Encyclopédie Larousse (consulté en décembre 2023)

Date d'officialisation 1968-12-05

Spécifique Richelieu

Générique (avec ou sans particules de liaison) Rivière

Type d'entité Rivière

Région administrative Montérégie

Municipalité régionale de comté (MRC) Pierre-De Saurel

Municipalité Sorel-Tracy (Ville)

Code géographique de la municipalité 53052

Latitude               Longitude (coord. sexagésimales) 46° 02' 49" -73° 07' 13"

Latitude               Longitude (coord. décimales) 46.04694 -73.12028

Carte topographique 1/50 000 31I03

Carte topographique 1/20 000 31I03 -0102

Variante traditionnelle autochtone

  • Masesoliantegw (Rivière)

    Masesoliantegw est le nom que les Abénakis, ou W8banakiak en langue abénakise, utilisent pour désigner le cours d’eau dont le nom officiel est Rivière Richelieu. Alimentée par le lac Champlain, cette rivière se jette dans le lac Saint-Pierre, à Sorel-Tracy, après un parcours d'environ 130 km à travers la plaine du Saint-Laurent.

    Masesoliantegw signifie « rivière [avec] beaucoup d’argent ». Il est à noter que les formes Masoliantegw ou Masoliantekw ont aussi été relevées pour désigner ce nom.

    Masesoliantegw se prononce ma-sè-so-lé-ann-tègue.

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