Origine et signification Situé à 400 m d'altitude et presque à mi-chemin entre le lac Saint-Jean et le cap Wolstenholme – point le plus septentrional du Québec –, ce grand lac d'une superficie de 1 047 km² est parsemé d'innombrables îles, surtout près de ses côtes, et il constitue la source principale de la Grande rivière de la Baleine, qui débouche dans la baie d'Hudson, à environ 300 km du lac en ligne droite. Il est alimenté par de nombreuses nappes d'eau, et ce, surtout à l'est, où elles arrosent des terres qui atteignent les 700 m d'altitude et qui séparent le réservoir de Caniapiscau, appartenant au bassin hydrographique de la baie d'Ungava, du lac Bienville, drainé vers la baie d'Hudson. Sur la carte préliminaire du père Laure (en 1731 ou un peu avant), ce lac est identifié par le nom Apichikamich, mot autochtone qui a survécu sous la graphie Abchigamich et qui signifie assez curieusement « petite quantité d'eau », allusion sans doute à la faible profondeur du lac. Encore en 1916, ce mot désignait également la rivière sur le parcours de laquelle le lac se trouvait. En cri, le lac Bienville est appelé Amichinatwayach, un mot qui signifie « grand lac de la rivière ». Le nom Bienville, indiqué comme désignation nouvelle dans la première Nomenclature des noms géographiques de la province de Québec en 1916, est celui de Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville (1680-1767), frère du célèbre Pierre Le Moyne d'Iberville, avec qui il participa à la conquête du fort Nelson et des autres postes occupés par les Anglais sur le territoire de la baie d'Hudson, en 1697 et 1698. Voilà pourquoi son nom se trouve dans cette région.

Notice biographique

Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville (1680-1767) est un officier dans les troupes de la marine, un explorateur, un gouverneur et le fondateur de La Nouvelle-Orléans. Fils de Charles Le Moyne de Longueuil et de Châteauguay (1626-1685) et de Catherine Thierry (vers 1640-1690), dit Primot, celui-ci appartient à une illustre famille dont plusieurs membres ont laissé une marque indélébile dans l’histoire de la Nouvelle-France et de la Louisiane.

Natif de Montréal, Jean-Baptiste Le Moyne hérite du titre de Bienville lorsque son frère, François Le Moyne de Bienville, est tué en 1691 au cours d’un engagement contre les Iroquois à Repentigny. L’année suivante, à l’âge de 12 ans, il entre dans les gardes-marine sous le commandement de son frère aîné, Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706), avec lequel il parcourt la côte de la Nouvelle-Angleterre et la baie d’Hudson. Blessé au combat en 1697, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville accompagne son frère d’Iberville en France alors que la guerre de la Ligue d’Augsbourg, opposant une puissante coalition européenne à la France de Louis XIV, prend fin. La colonisation de la vallée du Mississippi étant de nouveau au goût du jour, d’Iberville est désigné au nom du roi de France pour mener une expédition sur le continent. Le 24 octobre 1698, les deux frères quittent donc Brest et s’engagent, en mars de l’année suivante, dans l’embouchure du fleuve Mississippi, devenant ainsi les premiers représentants européens à y pénétrer par la mer. Ils y fondent une première colonie, près de la région de l’actuelle Biloxi, et Bienville est nommé commandant en second de la garnison lorsque son frère retourne en France. Devenu commandant en 1701, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville déplace la colonie à Fort Louis, en 1702, puis sur le site de l’actuelle ville de Mobile, en 1711. Il demeure ensuite en poste jusqu’en 1712. En 1718, il fonde sur le fleuve Mississippi la ville de La Nouvelle-Orléans, qui deviendra la capitale de la colonie et qui est ainsi nommée en hommage au duc d’Orléans. Pendant une quarantaine d’années, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville agit comme administrateur en chef de la Louisiane et réussit à maintenir une fragile colonie française prise en étau entre les empires espagnol et anglais, ce qui lui vaut le surnom de père de la Louisiane. En 1743, il quitte son poste de gouverneur de la Louisiane et se retire à Paris, où il décède 24 ans plus tard.

Sources

Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
Site Web du Dictionnaire biographique du Canada (consulté en mai 2024)
Site Web de l'Encyclopédie Britannica (consulté en août 2024)