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Commission de toponymie

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Baie d'Hudson
Tariuq (Mer)  - Variante traditionnelle autochtone

Origine et signification Vaste mer intérieure, la baie d'Hudson s'étale sur environ 1 000 000 de km². La juridiction québécoise s'exerce sur plus de 1 200 km de rivage oriental. Plusieurs grands cours d'eau de l'hinterland viennent s'y jeter, dont la Grande rivière de la Baleine et les rivières Nastapoka, Kogaluc et de Puvirnituk. La végétation côtière passe graduellement de la taïga à la toundra arctique. Du sud au nord, des villages cris et inuits sont disséminés sur la côte : Whapmagoostui, Kuujjuarapik, Umiujaq, Inukjuak, Povungnituk, Akulivik et Ivujivik, ce dernier étant le plus septentrional du Québec. Bien que le climat extrêmement rude limite la navigation à quelques mois de l'année, la présence des glaces n'a pas découragé les marins à s'aventurer dans la baie d'Hudson dès le XVIIe siècle. 

Le nom de cette baie rappelle d'ailleurs le souvenir de l'explorateur anglais Henry Hudson (vers 1565-après 1611), qui a été, en 1610, le premier Européen à l'atteindre. D'autres navigateurs (Button, Fox et James) viendront dans les années suivantes. Un demi-siècle plus tard, la région a à nouveau attiré plusieurs Européens. Vers 1665, les explorateurs Radisson et Des Groseilliers projetaient d'ouvrir des postes de traite sur le littoral de la baie d'Hudson. Ne recevant aucun appui de la France, ils se sont tournés vers les Anglais, qui ont créé, en 1670, la Compagnie de la Baie d'Hudson. La vive concurrence de ses comptoirs avec le commerce de la Nouvelle-France a déclenché des offensives militaires, à partir de 1686, visant à chasser les Anglais de la baie d'Hudson. Ainsi est née l'épopée de Pierre Le Moyne d'Iberville, qui a duré plus de six ans. Malgré les succès remportés par ce grand homme de guerre, la France a dû renoncer, par le traité d'Utrecht (1713), à ses prétentions sur la baie d'Hudson.

Bien avant qu'Henry Hudson effectue son dernier voyage d'exploration, l'existence d'une mer du Nord était connue des grands cartographes d'outre-Atlantique. En effet, sur des cartes dressées par les Hollandais de Jode (1593), Mercator (1595) et Wytfliet (1597), on peut lire le même nom, Lago de Conibas; ce dernier document cartographique se révèle d'une importance considérable, puisqu'il représente précisément la région environnante de ce prétendu lac, dont la localisation et la configuration correspondent assez bien à celles de la baie d'Hudson. C'est vraisemblablement cette même entité hydrographique qui est désignée sous l'appellation Mare dulcium aquarum, sur une autre carte de Mercator, publiée elle aussi en 1595. Toutefois, dans le cas de cette mer d'eaux douces comme dans celui du Lago de Conibas, certains considèrent qu'il s'agirait plutôt des Grands Lacs. En Nouvelle-France, Champlain a entendu parler, par des Autochtones, d'un vaste bassin maritime, qu'il a identifié dans ses écrits comme étant la Mer Salée (1608) ou la Mer du Nort. En 1612, une gravure d'Hessel Gerritsz, sans doute d'après un dessin original d'Hudson, est imprimée à Amsterdam. Le nom Mare Magnum, qui se traduit par grande mer, est inscrit juste au nord de l'entrée de la baie d'Hudson; la carte indique aussi le lieu où le capitaine du Discovery a hiverné, dans la baie James. Cette dénomination latine est reprise – mais toute en minuscules – par Champlain sur deux cartes, l'une probablement de 1612 et l'autre de 1613, où le nom paraît un peu plus au sud, à l'entrée même de la mer intérieure. L'explorateur Jens Munk, dans le récit de son voyage de 1619-1620, publié en 1624, a utilisé dans son texte les appellations Hudson's Sea et Mare Novum, cette dernière signifiant nouvelle mer, alors que sur la carte d'accompagnement paraît le nom de Cristian's Sea. En 1625, une carte de Henry Briggs est publiée dans un ouvrage de Samuel Purchas, sur laquelle est inscrite la désignation de Hudsons bay, le s final indiquant l'attribution. Sur une carte de 1634, Jean Guérard a employé la dénomination Baie de Hudson. Le navigateur Luke Fox a consigné, sur une carte de 1635, le toponyme hudsons Bays, qui identifie les deux baies (James et Hudson), considérées comme des entités distinctes, alors qu'en réalité la première fait partie de la seconde. La carte de Melchior Tavernier, dressée en 1643, montre le nom Mer de Hudson. La carte que Champlain a produite en 1616 a été rééditée en 1653, avec corrections et ajouts, par Pierre du Val, géographe du roi, lequel écrit Mer de Hudson ou Christiane. Sanson d'Abbeville, sur sa célèbre carte de 1656, a indiqué Mer Christiane dans la partie nord de cette importante entité et Golfe de Hudson ou Hudson Bay dans sa partie centrale. Dans les Relations des Jésuites, en 1660, l'on désigne la baie d'Hudson sous trois noms différents : Mer du Nord, Grande baye du Nord et baye de Hudson. Nicolas de Fer a consigné, sur une carte de 1669, la forme Golfe de Hudson. Les Relations de 1672, quant à elles, mentionnent l'utilisation de la variante Baye de Hutson. L'explorateur Louis Jolliet inscrit en 1673 l'appellation Baye d'Hudson. En 1686, Jacques de Brisay, marquis de Denonville, a donné des instructions au chevalier de Troyes – chargé de mener une expédition visant à déloger les Anglais de la baie d'Hudson – dans lesquelles il est question de la baie du Nord. Sur une carte de 1690, dont on ne connaît pas l'auteur, paraissent les dénominations de Golfe du Nort ci-devant Baye de Hudsom (sic). Une autre carte anonyme de 1697 comporte les noms Mer de Hudson et Golfe de Hudson ou Hudson Bay. Parfois d'autres appellations sont utilisées; par exemple, dans sa Relation de 1720, Nicolas-Jérémie Lamontagne donne à cette mer le nom de Baye de l'Assomption. Comme on peut le constater, les XVIe et XVIIe siècles ont été marqués par un flottement tant dans le choix du générique que du spécifique pour désigner cette vaste entité hydrographique. Depuis ce temps, on notera toutefois une stabilité quant à la forme que l'on connaît maintenant.

Notice biographique

Henry Hudson (Londres?, Angleterre, vers 1565 – baie d’Hudson?, après 1611) est un navigateur et un explorateur anglais. Ses origines et les premières années de sa carrière navale demeurent mal connues. Henry Hudson entre dans l’histoire en 1607 alors qu’il mène, pour le compte de la Compagnie de Moscovie, une société commerciale anglaise, une expédition visant à découvrir un passage à travers l’océan Arctique qui permettrait d’atteindre l’Asie. Son vaisseau, le Hopewell, navigue au-delà de l’archipel Svalbard et du 80e parallèle, un exploit inédit à l’époque, mais doit rebrousser chemin peu après, la voie étant obstruée par les glaces. L’année suivante, Henry Hudson effectue une deuxième tentative pour trouver un passage vers l’Asie, cette fois en voguant au nord de la Russie. L’expédition s’arrête néanmoins à l’archipel de la Nouvelle-Zemble, encore freinée par la banquise. 

La Compagnie de Moscovie décidant, devant ces insuccès, de ne plus financer d’expéditions arctiques, Henry Hudson offre ses services à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en 1609. Après avoir à nouveau échoué à franchir l’archipel de la Nouvelle-Zemble, l’explorateur, agissant à l’encontre des instructions qu’il a reçues, mène le Halve Maen à la côte est de l’Amérique du Nord. Dans sa quête d’une nouvelle voie maritime vers l’Asie, il explore la baie du Delaware, puis s’aventure sur le fleuve qui porte aujourd’hui son nom, atteignant l’île de Manhattan – une première pour un Européen – tout en commerçant au passage avec plusieurs groupes autochtones. Il navigue jusqu’à l’actuelle ville d’Albany, dans l’État de New York, avant de conclure que l’Hudson ne conduit pas à l’océan Pacifique et d’entamer le voyage de retour. L’expédition improvisée d’Henry Hudson suscite l’intérêt des Néerlandais pour le commerce des fourrures et mène à la fondation de la Nouvelle-Néerlande dans la région de Manhattan.

Henry Hudson est recruté, en 1610, par un groupe de promoteurs anglais qui lui confient la mission de trouver une voie maritime vers l’Asie en passant par le nord-ouest de l’océan Atlantique et l’Arctique canadien. Le Discovery quitte Londres le 17 avril, puis s’engage dans le détroit d’Hudson à la fin du mois de juin. Au début d’août, Henry Hudson devient le premier Européen à atteindre la baie qui porte aujourd’hui son nom. Il explore et cartographie la côte sud-est de la baie d’Hudson pendant plusieurs mois, mais son navire se retrouve prisonnier des glaces dans l’actuelle baie de Rupert, en novembre. Le manque de nourriture et le scorbut affectent durement l’équipage, contraint d’hiverner dans cet environnement hostile. Le 22 juin 1611, alors que le Discovery entame le voyage de retour vers l’Angleterre, Henry Hudson est victime d’une mutinerie et abandonné dans une chaloupe en compagnie de son fils et de sept marins. Les circonstances exactes du trépas de l’explorateur et de ses compagnons d’infortune restent un mystère. Les huit mutins qui réussissent à regagner l’Angleterre échappent quant à eux à la justice, fort possiblement en raison de l’importance des découvertes dont ils peuvent témoigner. 

Sources

Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
Dictionnaire biographique du Canada (consulté en mars 2025)
Site Web de l'Encyclopédie Britannica (consulté en mars 2025)
Site Web de l'Encyclopédie canadienne (consulté en mars 2025)

Date d'officialisation 1980-10-02

Spécifique Hudson

Générique (avec ou sans particules de liaison) Baie d'

Type d'entité Mer

Région administrative Nord-du-Québec

Municipalité régionale de comté (MRC) Hors MRC

Municipalité Baie-d'Hudson (Territoire non organisé)

Code géographique de la municipalité 99904

Latitude               Longitude (coord. sexagésimales) 60° 30' 55" -77° 48' 42"

Latitude               Longitude (coord. décimales) 60.51536 -77.81182

Carte topographique 1/50 000 35C12

Carte topographique 1/20 000 35C12 -0101

Variante traditionnelle autochtone

  • Tariuq (Mer)

    Tariuq est le nom que les Inuits utilisent pour désigner la baie d'Hudson. La Commission de toponymie ignore pour l'instant sa signification.

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