Chroniques
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Le 11 novembre 2018 marque les 100 ans de la fin de la Première Guerre mondiale. Quelque vingt ans plus tard débutait la Deuxième Guerre mondiale. La première moitié du XXe siècle aura été infernale. Peu de femmes ayant participé de près ou de loin à ces guerres sont rappelées dans notre toponymie. Pour en connaître quelques-unes, lisez ce qui suit.
À chacune des deux guerres mondiales, le gouvernement du Canada a adopté la conscription, par une loi, bien que, chaque fois, la population du Québec y ait été fortement opposée. Le nom d’un chemin à Saint-Antonin, dans le Bas-Saint-Laurent, est en lien avec cette opposition à l’enrôlement obligatoire des citoyens. En effet, le nom Route Clara rappelle le souvenir de Clara Pinet, qui, d’une bravoure exceptionnelle, a réussi à sauver son fils Thomas du service militaire pendant la guerre de 1914-1918, en défiant la police militaire venue le chercher. Clara Pinet et sa famille ont habité sur la voie de communication qui porte aujourd’hui son nom.
Il convient de parler d’une autre femme, une remarquable oubliée, qui a joué un rôle important durant la Grande Guerre. Il s’agit d’Irma LeVasseur (1877-1964), première femme médecin de langue française au Québec. Après avoir participé à la fondation de l’hôpital pour enfants Sainte-Justine, à Montréal, en 1907, elle se retrouve, en plein milieu de la Première Guerre mondiale, en Serbie, secourant des malades du typhus. Plus de 150 000 personnes y mourront de cette maladie. À la fin de la guerre, Irma LeVasseur travaille dans un hôpital militaire en France. À son retour au pays, elle participe à la fondation de l’hôpital pour enfants de Québec, l’hôpital de l’Enfant-Jésus, en 1923. Sept toponymes rappellent le souvenir d’Irma LeVasseur au Québec, dont des rues à Gatineau, à Montréal et à Québec.
Pour terminer, intéressons-nous à Elspeth Russell, une femme hors du commun qui a été pilote d’avion pour l’organisation Air Transport Auxiliary. Cette dernière, créée à l’occasion de la Deuxième Guerre mondiale par la Grande-Bretagne, avait comme mandat, entre autres, de faire la livraison des avions de combat neufs sur le territoire couvert par les Alliés. Elle en a convoyé plus de 300 000 durant cette guerre, grâce à ses 1460 pilotes. La Québécoise Elspeth Russell, à elle seule, en aura livré 291 en moins de trois ans. Avec son mari, Gerry Burnett, elle fondera plus tard la compagnie Matane Air Services, qui sera par la suite vendue à Québecair en 1965. Elspeth Russell est la seule femme à avoir été intronisée au Panthéon de l’air et de l’espace du Québec. Un parc public de Matane et une rue de Shawinigan rappellent son souvenir.
Chronique parue le 8 novembre 2018.
Date de la dernière mise à jour : 2020-12-17