Normes et procédures
Tout lieu ou entité géographique ne se voit attribuer qu'un seul nom officiel.
La Commission de toponymie fait du principe de la dénomination unique pour un même lieu la pierre angulaire de sa politique toponymique générale et ce, en conformité avec la recommandation 4-C de la Première Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques (Genève, 1967) qui fait état de « La nécessité d'éviter de donner plusieurs noms au même détail topographique (...) ».
L'usage populaire consacre souvent plus d'un toponyme pour un lieu; par exemple, une montagne qui chevauche la limite de municipalités peut porter des noms différents selon les usagers (Mont Saint-Hilaire ou Mont Belœil). La Commission de toponymie effectue alors un choix, généralement fondé sur le degré d'utilisation des toponymes parallèles et sur l'extension géographique de ces usages; ainsi a-t-elle privilégié le toponyme Mont Saint-Hilaire.
De la même façon, la Commission n'officialise qu'un seul nom pour une voie de communication ou pour chacun de ses tronçons. Il se produit en effet que des tronçons, chacun porteur d'une dénomination propre, composent une voie sans interruption. On rencontre par exemple ce cas dans l'agglomération de Québec où une voie comprise entre l'échangeur du pont Pierre-Laporte et le Château Frontenac comprend le tronçon du boulevard Laurier (type d'entité : boulevard), et ceux de la Grande Allée Ouest (type d'entité : avenue), de la Grande Allée Est (type d'entité : avenue) et de la rue Saint-Louis (type d'entité : rue). De telles situations résultent de l'histoire du développement du tissu urbain et ne dérogent pas à ce critère de choix.
Les toponymes dont l'usage est le mieux établi doivent avoir priorité s'ils ne dérogent pas à d'autres critères. Dans les cas d'usages parallèles et également répandus, on accorde la préférence aux noms qui répondent le mieux aux autres critères.
Le respect de l'usage courant est l'un des critères fondamentaux en toponymie. La Première Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques mentionne, à la recommandation 4-C, que l'autorité toponymique compétente devrait tenir compte de l'usage courant lors du traitement des noms géographiques au bureau.
Il arrive souvent que des choix s'imposent, soit en face d'usages parallèles, soit en vertu d'exigences de la normalisation, pour réduire l'homonymie source de confusion, par exemple. Ainsi, entre ces deux noms en usage, Rivière-Ouelle, d'origine populaire, et Notre-Dame-de-Liesse, naguère la dénomination officielle, la Commission a choisi la première; les dénominations religieuses sont très abondantes au Québec et faisaient de Rivière-Ouelle, d'usage séculaire, un choix plus original et plus approprié.
Certes, les circonstances selon lesquelles un lieu reçoit une dénomination peuvent parfois révéler un processus artificiel et fort discutable de dénomination. Considérant la longévité prévisible des toponymes dans l'environnement géographique, la Commission peut alors, de sa propre initiative, pondérer le poids de la notion d'usage en suscitant la révision des choix initiaux et en reportant l'officialisation des noms proposés de façon indéfinie.
La Commission peut aussi, dans ces circonstances, prendre elle-même l'initiative de donner des noms aux lieux lorsque leur dénomination relève de sa compétence exclusive.
Il convient de rappeler encore ici le postulat qui guide l'action de la Commission, à savoir que donner un nom à un lieu c'est lui insuffler une âme, lui conférer, en quelque sorte, une touche d'éternité; d'où le devoir qui lui incombe de s'assurer, que, dans toute la mesure du possible, le paysage toponymique du Québec n'est pas indûment enlaidi ou banalisé.
Bien entendu, s'il s'est écoulé une longue période de temps avant que la Commission puisse intervenir dans le processus de traitement des noms de lieux d'une région, et que, durant ce long intervalle, les utilisateurs s'y sont en définitive bien identifiés, la Commission, naturellement, respectera l'usage établi.
L'élément générique est en français.
Toutefois, en ce qui concerne les entités naturelles, la langue du générique peut n'être pas française si l'importance du lieu désigné est locale et si le nom de ce lieu est en usage exclusivement dans cette langue autre que française.
Note : La politique relative aux noms autochtones présente le traitement que la Commission applique aux génériques des toponymes autochtones.
Sauf exception justifiable, il est de règle de conserver dans leur langue les mots de la langue générale qu'un usage local a consacrés, en particulier si leur utilisation présente un intérêt certain en raison de leur valeur culturelle ou historique. On officialise dans leur langue d'origine les spécifiques des toponymes autochtones. Pour leur part, les points cardinaux inclus dans les odonymes et qui renseignent sur l'identité d'un tronçon par rapport à un autre ou sur la direction de la voie sont en français.
Dans les cas d'usages concurrents d'une forme française et d'une forme dans une autre langue, la Commission privilégie la première si l'usage local en est significatif.
Par ailleurs, les mots de la langue générale qui entrent dans la composition des toponymes créés par la Commission sont en français.
Un nom d'entité naturelle ou artificielle comporte habituellement un générique. Un odonyme en comprend toujours un. Un nom d'entité administrative peut en comporter lorsque le lieu désigné n'est pas une municipalité, un autre lieu habité ou un lieu-dit. Cependant, un nom géographique ne peut comprendre plus d'un terme exerçant la fonction d'un générique.
Exemples de noms d'entités naturelles ou artificielles :
Île aux Allumettes (île);
Les Boules (îlots);
Barrage de Carillon (barrage);
Le Carcajou (barrage).
Exemples de noms de voies de communication :
Chemin du Coteau-des-Hêtres (chemin);
Autoroute des Cantons-de-l'Est (autoroute).
Exemples de noms d'entités administratives :
Parc national du Saguenay (parc de conservation);
Kildare (canton).
L'Arbre-à-Spring (lieu-dit)
Québec est le nom géographique; Ville de Québec est le
nom de l'organisme municipal. Dans le même esprit, on
parle de Saguenay, non pas de Ville Saguenay.
Exemple concernant la non-utilisation de plusieurs génériques :
Grande Allée, où le générique est Allée et non pas Boulevard
Grande-Allée , car l'odonyme compterait alors deux génériques :
Boulevard et Allée.
Les noms d'entités administratives et les noms nouveaux de voies de communication doivent présenter des génériques conformes aux avis terminologiques.
Les génériques des noms attribués à des entités naturelles innommées peuvent être différents des termes consacrés par les avis terminologiques dans une volonté de promotion de la langue française du Québec en tant qu'élément du patrimoine, de renforcement de l'image suggérée par le lieu lui-même, de meilleure intégration du toponyme créé aux éléments génériques présents dans le milieu ou encore afin de respecter un usage historique.
Il arrive fréquemment que les noms d'entités administratives reçoivent une consécration juridique par des lois, des décrets, des règlements, des lettres patentes, etc. et que ces noms soient repris dans d'autres documents par la suite. Il importe donc que les termes qui constituent l'élément générique soient rigoureux sur le plan terminologique en raison de la diffusion très large de ces toponymes. On parlera donc de la réserve faunique des Laurentides, non pas de la réserve des Laurentides. La forme Grand escalier de la Nutillilik, plutôt que Grands rapides de la Nutillilik, serait par ailleurs acceptable pour renforcer l'image de ces rapides exceptionnels porteurs d'aucun nom connu.
Un lieu ne doit pas se voir attribuer le nom d'une personne vivante ou décédée depuis moins d'un an.
Lorsqu'un nom rappelant une personne vivante a un usage attesté depuis dix ans ou plus, ce nom peut être officialisé s'il répond aux trois conditions suivantes :
Note. En toponymie municipale, les noms faisant partie d'un système thématique existant de prénoms ou de noms de familles ne sont pas visés par cette règle, en autant qu'ils ne soient pas inspirés par des personnalités notoires.
Lorsqu'on utilise un toponyme officiel ou l'élément spécifique d'un toponyme officiel pour composer un autre toponyme, on en respecte intégralement la forme.
Par exemple, si l'on se propose de dénommer une entité géographique artificielle d'après le nom d'une entité naturelle voisine, on doit, pour la composition du nouveau toponyme, respecter la forme des constituants empruntés. Ainsi préférerait-on le nom Parc de la Chute-Montmorency, qui provient du nom Chute Montmorency, à la forme fautive Parc des Chutes-Montmorency, parce qu'elle ne respecte pas le nom officiel qui a inspiré le nom du parc.
Haut de page »Date de la dernière mise à jour : 2024-07-15