Chroniques
Il y a cent ans, le 10 avril 1919, un référendum se tenait au Québec. Son objet? La légalisation de la vente de la bière, du cidre et du vin. Le oui l’emporta alors haut la main, 78 % des hommes votant pour la légalisation (rappelons qu’à ce moment les femmes n’avaient toujours pas le droit de vote). Pour en savoir plus sur l’époque de la prohibition et sur son rappel dans la toponymie du Québec, lisez ce qui suit.
Au début du XXe siècle, un fort courant en faveur de la prohibition a cours en Amérique du Nord. Ainsi, en janvier 1919, le 18e amendement à la Constitution des États-Unis est ratifié. Conséquemment, le territoire américain en devient un sans alcool à partir de 1920 et le demeure jusqu’en 1933.
Au Québec, en 1918, le gouvernement de Lomer Gouin fait adopter une loi interdisant la vente de toute « liqueur enivrante ». Cette loi doit entrer en vigueur un an plus tard, le 1er mai 1919. Pendant ce temps, l’opposition s’organise. Le Comité de la modération – mot qui a encore cours de nos jours dans les campagnes de sensibilisation – est créé et milite pour la vente de boissons faibles en alcool (bière, vin et cidre). Tout cela mène au référendum du 10 avril 1919, dont le résultat vient changer la donne. La loi de 1918 doit donc être modifiée.
Extrait du journal Le Devoir,
8 avril 1919
© Bibliothèque et Archives nationales du Québec
En 1921, la Loi des liqueurs alcooliques est adoptée. Ainsi naît la Commission des liqueurs de Québec, l’ancêtre de la Société des alcools du Québec. Une police des liqueurs est même instituée. À la fin des années 1940, elle regroupera plus de 250 policiers. La Police des liqueurs sera intégrée plus tard à la Sûreté du Québec.
Et, c’est dans la mouvance de la loi de 1921 que la tenue des tavernes est encadrée. Dans une publicité du gouvernement du 8 août 1921, on peut lire :
« Les consommateurs ne peuvent être servis au comptoir. LE BAR EST ABOLI. La musique, la danse, le chant et les jeux sont défendus. »
Bref, rien pour que l’on s’amuse dans les tavernes et que l’on s’y attarde. Il est aussi demandé qu’il soit impossible de voir, de la rue, l’intérieur des tavernes quand elles sont ouvertes. Les aléas de l’histoire ont fait que la vente du cidre n’a été permise qu’en 1970 au Québec.
Quelques municipalités du Québec comptent des secteurs où les noms de voies de communication sont en lien avec le vin. Ainsi, à Laval, les voies d’un secteur sont désignées par des noms de cépages. Le boulevard qui y donne accès porte d’ailleurs bien son nom : Boulevard des Cépages. À Québec se trouve également un secteur où les noms de voies sont liés au vin. Le parc-école qui se trouve au centre de ce secteur est connu sous l’appellation Parc-école du Vignoble!
Fait cocasse, dans la MRC d’Antoine-Labelle, dans les Laurentides, on trouve les quatre noms suivants pour désigner des lacs assez rapprochés les uns des autres : Lac Bouteille, Lac Bouchon, Lac Bar et, coup de théâtre, Lac Verre d’Eau. On peut croire que c’est la configuration de chaque lac qui a inspiré son nom.
Chronique parue le 10 avril 2019.
Date de la dernière mise à jour : 2021-02-12