Chroniques
Les régions de Clare et d’Argyle, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, accueillent du 10 au 18 août 2024 la septième édition du Congrès mondial acadien. Ce festival de la culture acadienne est l’occasion de nombreux rassemblements familiaux, conférences et spectacles, et culmine avec la célébration de la fête nationale de l’Acadie le 15 août. Depuis sa création en 1994, plusieurs foyers de peuplement acadien comme Moncton, au Nouveau-Brunswick, Houma, en Louisiane, le Témiscouata, au Québec, et l’Île-du-Prince-Édouard ont été l’hôte de cet événement quinquennal visant à réunir la diaspora acadienne.
L’apport des pionnières et pionniers acadiens à la fondation d’une dizaine de municipalités québécoises est rappelé dans la toponymie officielle du Québec. Pour en apprendre davantage sur certains de ces hommages, lisez ce qui suit.
Rappelons que les Acadiens forment le peuple issu des premiers colons français en Amérique du Nord qui se sont installés, dès le début du XVIIe siècle, sur les territoires qui correspondent aujourd’hui à ceux des provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. Or, lors du Grand Dérangement, qui s’est déroulé de 1755 à 1763, plus d’une dizaine de milliers d’Acadiens et Acadiennes qui avaient refusé de prêter serment d’allégeance à la Couronne britannique ont été déportés dans les Treize Colonies. Si certains sont revenus s’établir dans les Maritimes à la suite de la signature du Traité de Paris, d’autres se sont implantés en Louisiane, au Québec ou ailleurs. On compterait aujourd’hui près de trois millions de personnes d’ascendance acadienne réparties en Amérique du Nord, et plus de la moitié des Québécois et Québécoises auraient au moins un ancêtre acadien. Les exilés acadiens ont joué un rôle important dans la fondation et le développement de nombreuses localités du Québec. En voici quelques-unes :
À compter de 1758, des exilés acadiens se sont installés dans la région de Bécancour et y ont fondé la municipalité de la paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand, devenue le secteur de Saint-Grégoire au moment des fusions de 1965. Le nom Boulevard des Acadiens rappelle cette colonisation acadienne. De plus, la majorité des voies de communication de Saint-Grégoire reprennent les patronymes de familles pionnières acadiennes.
Bonaventure, en Gaspésie, a été fondée en 1760 par des réfugiés acadiens venant majoritairement de Beaubassin, en Nouvelle-Écosse. Aujourd’hui, le nom Place de l’Acadie souligne le rôle important qu’ils ont joué dans le développement de cette ville. Les noms de plusieurs autres voies de communication de Bonaventure, comme Avenue de Louisbourg et Route Évangéline, attestent de ses racines acadiennes. Notons que l’on y trouve aussi le Musée acadien du Québec.
En 1768, des pionniers acadiens ont fondé L’Acadie, aujourd’hui un secteur de Saint-Jean-sur-Richelieu. Les noms Rue des Acadiens et L’Acadie rappellent le rôle central de ce peuple dans le développement de la région.
Considérée comme le berceau acadien de Lanaudière, la municipalité de Saint-Jacques a été fondée en 1770 par une trentaine de familles acadiennes déportées à Boston pendant le Grand Dérangement. Une centaine d’autres familles d’origine acadienne se sont ensuite établies dans les municipalités voisines de Saint-Alexis, de Saint-Liguori et de Sainte-Marie-Salomé. À elles quatre, ces municipalités forment le territoire surnommé Nouvelle-Acadie. Le nom Rue de l’Acadie, à Saint-Jacques, évoque les origines acadiennes de nombreux citoyens et citoyennes de la région.
En 1896, des pionniers acadiens originaires des îles de la Madeleine se sont installés sur le territoire actuel de la municipalité de Lac-au-Saumon, dans le Bas-Saint-Laurent. Leur arrivée a grandement accéléré le peuplement de cette région, ouverte à la colonisation depuis 1863. Le nom Rang des Acadiens et le nom Place de l’Acadie – lequel a été attribué à un parc en 2021 pour marquer le 125e anniversaire de la venue des Acadiens à Lac-au-Saumon – rappellent leur contribution au développement de cette municipalité.
Vers 1912, plusieurs Acadiens des îles de la Madeleine et de la Côte-Nord se sont installés à Kénogami, actuellement un secteur de l’arrondissement de Jonquière, à Saguenay, en raison de l’essor de l’industrie du papier. Le contexte économique de la Première Guerre mondiale (de 1914 à 1918) et l’ouverture, en 1925, du complexe d’aluminium d’Arvida, également un secteur de Jonquière aujourd’hui, ont favorisé cette immigration acadienne. Les noms Place des Acadiens et Rue de l’Acadie rendent hommage aux familles ouvrières acadiennes qui ont marqué l’histoire de Kénogami.
Chronique parue le 15 août 2024.
Date de la dernière mise à jour : 2024-08-26