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La toponymie québécoise au féminin.

Elles

L’année 2018 se fera sous le signe des femmes! Les chroniques toponymiques qui seront diffusées chaque mois dans cette rubrique vous présenteront des noms de lieux mettant en valeur des femmes célèbres ou qui méritent d’être connues!

Dans notre première chronique, nous nous intéresserons aux noms de femmes qui désignent les municipalités que nous habitons. Sauriez-vous dire, sur les 1 133 municipalités du Québec, combien portent un nom de femme? Connaissez-vous le rôle qu’ont joué, dans notre société, ces femmes que l’on a honorées à travers les noms de nos municipalités? Pour en apprendre davantage sur ces questions, lisez ce qui suit.

À l’époque de la colonisation et du défrichement du territoire du Québec apparaissent les paroisses religieuses. Elles sont presque toutes nommées d’après des hommes et des femmes qui ont été canonisés ou sanctifiés. Souvent, les paroisses donneront leur nom aux municipalités qui seront créées à partir du milieu du XIXe siècle.

Preuve de cet état de choses, 515 des 1 133 municipalités du Québec portent un nom de saint ou de sainte. Plus particulièrement, 111 portent celui d’une sainte. Si l’on tient compte des 28 municipalités qui, en référence à la Vierge Marie, intègrent les mots Notre-Dame dans leur dénomination, ce nombre grimpe à 139 sur un total de 1 133, ce qui correspond à 12 %.

Il faut savoir qu’au Québec, aux XVIIIe et XIXe siècles, il était fréquent de rendre hommage à une personne, homme ou femme, en donnant le nom de son saint patron à une paroisse. Ainsi, l’histoire du nom Sainte-Adèle, qui désigne une ville des Laurentides, est fort intéressante. Considéré comme le fondateur de cette ville même s’il n’y a pas résidé, Augustin-Norbert Morin (1803-1865), agent des terres, député et l’un des premiers responsables de la colonisation des Pays-d’en-Haut, achète dans ce secteur 1 620 hectares de terre, plus précisément dans le canton d’Abercromby. Il fait don du terrain pour la construction de l’église paroissiale. En reconnaissance de son geste, on souhaite dénommer l’endroit Morinville, mais le généreux donateur obtient que le prénom de sa femme, Adèle Raymond (1818-1889), soit plutôt retenu pour désigner la nouvelle localité.

Ainsi, des 139 municipalités qui portent un nom de sainte, 103 ont été donnés en l’honneur de véritables saintes, alors que 36 portent, en réalité, le nom d’une femme laïque.

Mais qui étaient ces 36 femmes laïques? Dans presque la moitié des cas, ce sont des femmes qui ont été seigneuresses ou encore mères, conjointes ou filles de seigneurs.

Autoportrait de la reine Victoria.
Autoportrait de la reine Victoria
© Wikimedia Commons
La princesse Louise.
La princesse Louise
© Tkeator, Wikimedia Commons

Y a-t-il au Québec des municipalités qui portent un nom de femme sans l’ajout du qualificatif sainte? La réponse est affirmative pour 11 municipalités. Les voici :

Nom de la municipalité

Femme commémorée

Amos

En l’honneur d’Alice Amos (1868-1940), femme de sir Lomer Gouin, premier ministre du Québec au moment de la fondation d’Amos, en 1914.

Bolton-Est

Probablement en l’honneur de Katherine Lowther, fiancée du général anglais James Wolfe. Après le décès de ce dernier, elle est devenue, en 1765, la seconde femme de Harry, sixième duc de Bolton (1719-1794).

Bolton-Ouest

Voir ci-dessus.

Hudson

En l’honneur d’Elisa Hudson, femme de George Matthews, propriétaire d’une importante verrerie locale établie en 1845.

Fossambault-sur-le-Lac

En l’honneur de Catherine Nau, fille de Jacques Nau de La Boissière et de Fossambault. Elle était la mère d’Alexandre Peuvret de Gaudarville. Celui-ci a donné le nom de sa mère à sa seigneurie.

Léry

En l’honneur de Marie-Louise Couillard de l’Espinay, apparentée à la famille des De Léry. Elle était la femme de Joseph-Arthur Trudeau, qui a joué un rôle important grâce à son appui politique lors de la création de la municipalité.

Les Îles-de-la-Madeleine

En l’honneur de Madeleine Fontaine, femme de François Doublet, deuxième propriétaire de l’archipel des îles de la Madeleine. Celui-ci obtint du roi l’autorisation d’attribuer ce nom en hommage à sa femme.

Louiseville

En l’honneur de la princesse Louise, fille de la reine Victoria.

Maria

En l’honneur de lady Maria Howard, femme de Guy Carleton (qui a donné son nom à la ville voisine), lieutenant-gouverneur du Québec (1766-1768), puis gouverneur en chef de cette même province de 1768 à 1778 et de 1786 à 1796.

Rivière-Héva

En l’honneur d’Éva Girard, femme de l’arpenteur Fernand Fafard (1882-1955), qui a arpenté plusieurs cantons de l’Abitibi entre 1912 et 1920.

Victoriaville

En l’honneur de la reine Victoria.

En somme, ce sont 150 municipalités qui portent un nom de femme au Québec. Ce nombre représente 13 % des 1 133 municipalités. Pour consulter la liste des municipalités qui ont un nom féminin sur la carte de la province, vous devez au préalable avoir téléchargé Google Earth.

Chronique parue le 11 janvier 2018.

Date de la dernière mise à jour : 2021-02-08