Logo du gouvernement du Québec.
Commission de toponymie

Recherche avancée

Chroniques

« Les sanglots longs des violons de l’automne blessent
mon cœur d’une langueur monotone. »

Pierre tombale d’un soldat décédé le 5 juillet 1944.

Pierre tombale d’un soldat décédé le 5 juillet 1944
© Djof, sous licence CC BY-NC-SA 2.0, Flickr

La première partie de cette strophe d’un poème de Verlaine fut prononcée par Radio Londres, le 4 juin 1944, en plein cœur de la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agissait du moyen utilisé pour informer la Résistance française qu’il fallait saboter les voies ferrées allant vers la Normandie pour les rendre inutilisables par l’armée allemande. La deuxième partie de la strophe, quant à elle, a été entendue le lendemain. Ainsi le débarquement était-il annoncé pour le 6 juin, le fameux jour J. Pour en savoir plus sur cette opération militaire d’envergure, qui s’est déroulée il y a exactement 75 ans et à laquelle des Québécois ont participé, et pour connaître son empreinte dans notre toponymie, lisez ce qui suit.

Le matin du 6 juin 1944, une armada de près de 7 000 navires des forces alliées, en partance d’Angleterre, arrive en Normandie. Quelque 150 000 soldats participent à l’opération, dont 14 000 Canadiens. Les Québécois se trouvent principalement dans le Régiment de la Chaudière. Cette force d’invasion passe à l’attaque le long d’un front de près de 100 km sur les plages de Normandie. Des Canadiens prennent alors d’assaut une plage connue sous le nom de code Juno. Environ 5 000 Canadiens perdirent la vie durant la bataille de Normandie, qui s’acheva à la fin du mois d’août 1944 et qui pava la voie à la victoire alliée en Europe. La Deuxième Guerre mondiale prendra fin l’année suivante, en 1945.

Carte de la Normandie.

Carte de la Normandie
© Commission de toponymie

La bataille de Normandie a marqué fortement le Québec. Pour preuve, une trentaine de toponymes ont un lien avec cette bataille. Ainsi, plusieurs lieux où se sont illustrés les Canadiens sont immortalisés dans des toponymes du Québec. Relevons, entre autres, celui de Bernières, qui désigne un secteur de Lévis. Il est intéressant de noter que ce secteur fut d’abord une municipalité connue sous le nom Saint-Nicolas-Sud. En 1968, cette dernière municipalité a changé son nom. Elle a alors choisi celui de Bernières pour rappeler un fait d’armes des Régiments de la Chaudière et de Maisonneuve, dont nombre de soldats venaient de la rive sud de Québec. En effet, le 6 juin 1944, à 9 h, ces régiments ont libéré la commune de Bernières-sur-Mer.

Enfin, bien sûr, les militaires eux-mêmes ne sont pas oubliés dans notre toponymie : le souvenir d’une dizaine d’entre eux, ayant pris part à la bataille de Normandie, est évoqué dans des noms de lieux. C’est le cas, notamment, du sergent Léo Major, dont le souvenir est rappelé à Longueuil et à Vaudreuil-Dorion.

Photographie de Léo Major.

Photographie de Léo Major
© Wikimedia Commons

Léo Major (1921-2008) participe au débarquement en Normandie le 6 juin 1944 avec le Régiment de la Chaudière. Ce même jour, avec d’autres soldats de son régiment, il fait prisonniers une dizaine de soldats allemands. Le 24 juin, lors d’une opération militaire, il se blesse gravement à l’œil gauche, mais il refuse d’être évacué. Quelques mois plus tard, dans la nuit du 30 au 31 octobre, lors de la bataille de l’Escaut aux Pays-Bas, Léo Major capture, à lui seul, quelque 90 soldats allemands. Au printemps suivant, dans la nuit du 13 au 14 avril 1945, il libère, seul, la ville de Zwolle, aux Pays-Bas, qui compte alors une population d’environ 50 000 habitants. En reconnaissance de cet exploit, cette ville a attribué le nom de Léo Major à l’une de ses voies de communication. Notons que Léo Major a aussi participé à la guerre de Corée.

Panneau de rue Leo Majorlaan.

Panneau de rue
© Jmajor, sous licence CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons

Véritable héros, Léo Major est l’un des 38 Canadiens à avoir reçu deux fois la Médaille de conduite distinguée. Il est toutefois le seul d’entre eux à l’avoir reçue dans le cadre de deux guerres différentes. Cette médaille se situe au deuxième rang des décorations reconnaissant la bravoure au combat. À l’occasion de son décès, les drapeaux ont été mis en berne aux Pays-Bas. 

Médailles reçues par Léo Major.

Médailles reçues par Léo Major (celle de gauche est la Médaille de conduite distinguée)
© Miguel Tremblay, Wikimedia Commons

Chronique parue le 6 juin 2019.

Date de la dernière mise à jour : 2020-12-17