Chroniques
L’Organisation des Nations unies a déclaré que l’année 2025 est l’Année internationale de la préservation des glaciers. Cette déclaration a pour but d’attirer l’attention du public sur les glaciers et sur l’importance de leur rôle dans le maintien d’un équilibre environnemental sur notre planète.
Il faut savoir qu’il n’y a plus aucun glacier au Québec et que, dans le reste du Canada, il n’en reste que quelques-uns, qui sont situés notamment dans les montagnes Rocheuses. Ces glaciers ne représentent qu’une infime partie des 275 000 glaciers que l’on trouve aujourd’hui dans le monde.
Bien que la dernière ère glaciaire ait pris fin il y a environ 15 000 ans, la glace a continué longtemps de recouvrir l’actuel territoire québécois, atteignant même par endroit jusqu’à 3 km d’épaisseur. L’inlandsis laurentidien, comme on appelle l’ancien glacier continental qui s’étendait jadis à l’est des Rocheuses, a notamment pris quelques milliers d’années à se retirer, laissant çà et là dans son sillage des blocs erratiques. Ceux-ci sont de gros rochers qui se signalent par leur dimension importante, soit habituellement plus d’un mètre, et, surtout, par leur position étrange dans l’environnement où ils se situent. Ils apparaissent en effet en quelque sorte comme des intrus dans le paysage.
Deux localités du Bas-Saint-Laurent rappellent, dans leurs dénominations, les traces du passage des glaciers : la municipalité de Grosses-Roches ainsi que Les Boules, une ancienne municipalité qui fait aujourd’hui partie de la ville de Métis-sur-Mer. Dans un texte publié dans Québec Science, le 25 octobre 2012, l’anthropologue Serge Bouchard avait d’ailleurs poétiquement expliqué l’origine du nom de cette ancienne municipalité, rappelant qu’on y trouve « des roches orphelines que les errances ont menées sur ces plages ingrates, grosses boules dispersées comme des jouets par un géant de glace qui se serait amusé, jadis, à les transporter dans ses poches avant de les jeter pêle-mêle sur la grève ».
Plusieurs blocs erratiques, roches imposantes déplacées par les glaciers il y a des milliers d’années, parsèment nos paysages et ont servi d’inspiration pour des noms comme Route des Roches, qui désigne une voie de communication à Saint-Antonin, Chemin de la Grosse-Roche et Lac du Boulder, qui désignent respectivement une voie de communication et un plan d’eau que l’on trouve dans les Laurentides, ou encore Section Ujarasujjuliup Kuunga, nom d’origine inuit qui évoque les rochers isolés dans le lit d’une partie de la rivière Barnoin, dans le Nord-du-Québec.
Les blocs erratiques qui sont présents sur le territoire québécois ont bien intrigué les gens au fil du temps. Certains de ces blocs ont même été eux-mêmes officiellement nommés par la Commission de toponymie, comme la roche Blanche et la roche Rouge, un duo qui veille sur le littoral au nord-ouest de l’île aux Lièvres, vis-à-vis de la ville de Rivière-du-Loup. Parmi les blocs erratiques les plus connus, notons la roche Maranda, à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans, et le rocher Steamboat, mastodonte que l’on trouve dans la réserve faunique du Saint-Maurice. Ces vestiges géologiques font tous partie des souvenirs laissés derrière par l’inlandsis laurentidien.
© Commission de toponymie
Le 11 février dernier, la Commission de toponymie a dévoilé les Toponymes coups de foudre 2025.
Le cœur du public a penché pour le nom Lac des Ti-Pics, alors que la Commission a été séduite par le nom Parc du Tour-du-Chapeau. Le premier désigne un plan d’eau de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean; le second, un parc public situé dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, à Montréal.
Merci à toutes les personnes qui ont voté!
Chronique parue le 13 février 2025.
Date de la dernière mise à jour : 2025-03-03