Chroniques
Maisonneuve et Jeanne Mance n’ont pas été les premiers à fouler le sol de Montréal. Les Premières Nations les avaient précédés bien avant. À l’occasion de la Journée nationale des Autochtones, célébrée le 21 juin, premier jour de l’été, examinons quelques noms de lieux de Montréal en lien avec ces Premières Nations. Lisez notre chronique ci-dessous.
Le souvenir de plusieurs chefs est rappelé dans des noms de lieux de Montréal; entre autres, relevons Pontiac, Donnacona et Kondiaronk. Le nom de ce dernier a été attribué à l’un des lieux les plus prestigieux de Montréal : le belvédère sur le mont Royal, duquel on a une vue panoramique du centre-ville.
Kondiaronk est né aux environs de 1649. Habile stratège, il possédait les qualités d’un chef soucieux de défendre les intérêts de son peuple. Cet homme de paix de la nation wendat est décédé à l’Hôtel-Dieu de Montréal le 2 août 1701. Associé aux factions pro-françaises et chef de file, il désirait bâtir une paix générale solide et surtout durable dont les nations autochtones pourraient tirer profit. En 1700, Kondiaronk et Louis Hector de Callière tentent de réunir diverses Premières Nations à Montréal pour conclure un précaire armistice. Finalement, ce dernier se transformera en signature de traité, connu sous l’appellation La Grande Paix de Montréal, signé le 4 août 1701, tout juste après les funérailles de Kondiaronk.
Parlant de la Grande Paix, une place commémorative a été désignée sous cette appellation. La Grande Paix de Montréal fut signée par la France et 39 nations autochtones. Elle a été le fruit de plusieurs années de négociations. Sa signature a mis fin aux conflits entre les Français et les cinq nations de la ligue iroquoise, de même qu’aux conflits entre ces dernières et les nations de la région des Grands Lacs, alliées des Français. L’évènement, lequel eut lieu sur le site de la pointe à Callière, à Montréal, attira plus de 1300 Autochtones, en août 1701, pour assister à la signature de ce traité, alors que la population de Montréal ne comptait que 1200 habitants.
D’ailleurs, pour souligner le 300e anniversaire de cette paix, le nom Jardin des Premières-Nations a été attribué à un jardin public qui se trouve au Jardin botanique de Montréal. On y met en valeur les plantes médicinales autochtones. Le frère Marie-Victorin, fondateur du Jardin botanique de Montréal, l’avait inscrit dans les plans initiaux du jardin. Son objectif principal est de présenter les rapports que les Premières Nations entretenaient et entretiennent encore aujourd’hui avec le monde végétal.
Enfin, soulignons qu’une femme remarquable est aussi rappelée dans le nom d’une rue de Montréal : Myra Cree (1937-2005). D’origine mohawk, journaliste et animatrice à la télévision et à la radio de Radio-Canada, elle fut la cofondatrice du Mouvement pour la paix et la justice à Oka et à Kanesatake. Elle fut la première femme chef d'antenne au Téléjournal de Radio-Canada. L’une de ses émissions à la radio s’intitulait Cree et chuchotements.
Et qu’en est-il d’Ahuntsic?
Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce nom, qui peut se traduire par « petit et frétillant », n’était pas porté par un Autochtone, mais bien par un Français reconnu pour sa vivacité et son agilité. C’est en l’honneur d’Ahuntsic que le nom Back River, qui désignait un village en banlieue de Montréal, fut changé, en 1897, pour celui d’Ahuntsic.
* Mention de source du bandeau Montréal raconté par ses noms de lieux : © Stéphane Poulin, Partenariat du Quartier des spectacles..
Chronique parue le 15 juin 2017.
Date de la dernière mise à jour : 2023-08-04